Drawing a Blank est le premier volume d’une série de publications consacrées aux œuvres sur papier de Johan Creten. Cet ouvrage comprend 24 dessins réalisés entre 1987 et 1988 ainsi qu’un texte de Colin Lemoine, pour qui “Ici comptent le geste et la pulsion, l’imagination”.
“Sur les dessins, parfois des dates, des titres souvent. On y lit que les dessins furent effectués à Paris, à la Cité des Arts, en 1987 et 1988. On en déduit que Johan Creten a vingt-quatre ans, et que sa jeunesse est un apanage et que sa fraîcheur est un royaume. On peut deviner sa joie de la conquête, son désir d’en découdre, son besoin de faire et d’être, de devenir et de demeurer. Devenir et demeurer : l’art est un participe présent et un présent d’éternité. En œuvrant, Johan Creten demeure – dans les galeries, dans les collections, dans les musées, dans les manuels, dans l’histoire. Ivresse du papier, ivresse de la jeunesse quand, comme dit Rimbaud, « les voix instructives exilées » permettent enfin la solitude, la vraie, celle qui autorise à regarder la profusion du monde : « Ah ! l’égoïsme infini de l’adolescence, l’optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! » Et c’est durant l’été, dans la ville désertée, dans cette capitale rendue à sa vacuité minérale, que Johan Creten dessine – « begin Augustus 1978 », « Eerste van September 1987 », « 18 Juillet 1987 ». Il fait beau, l’été est là, plein de fleurs du mal, de tiges phalliques, de graminées sexuelles, de rouge bistre, de bleu cobalt et de jaune solaire, cent ans exactement après Van Gogh qui vécut à Arles des soleils estivaux et implacables, gros comme des ampoules.”