L'un des assistants du marchand d'art new-yorkais Robert Miller était Véronica Gonzales, une jeune femme Mexicaine. Elle a invité Johan Creten dans le nord du Mexique, où son oncle, un sénateur local, avait une petite fondation dont le but était d'aider les artisans locaux. Johan Creten a vécu 7 mois dans le village de Villa Garcia, aux abords de Monterrey, à la limite du désert. Une maison en adobe, un studio rudimentaire avec un petit groupe d'assistants... C'est dans ces circonstances difficiles, en 1998, que Johan Creten réalise les premières versions de la célèbre sculpture “Why Does Strange Fruit always look so Sweet ?”. L'œuvre sera ensuite exposée en Arizona et à Santa Fe. Ce petit livret publié à l'occasion de l'exposition suivant son séjour à la Villa Garcia comprend plusieurs poèmes écrits par Johan Creten.
“Ils ne sont pas nombreux à exprimer ainsi les métamorphoses, à oser dire l’informe et le difforme. Johan Creten nous rappelle que la laideur n’est jamais indifférente à la beauté. La putréfaction et la disgrâce peuvent resplendir, briller de mille coruscations, la charogne et Elephant Man peuvent enchanter, éblouir. Le fruit est d’autant plus beau qu’il est corrompu. Et le Flamand d’avancer un pion, une idée : le fruit défendu pourrira. Tout change, même le Mal. Tout passe, même la fièvre. Ainsi son génie pour fixer le passage d’un état à un autre, pour saisir la coulée du plaisir ou la mutation du mal, pour dresser des œuvres métamorphiques, comme le sont la lave, la lymphe et le sperme.”