L'École Supérieure d'Arts Plastiques - Pavillon Bosio accueillait en 2015 l'exposition de Johan Creten, "The Nature of Clay" organisée par l'association The Monaco Project for the Arts. Johan Creten présentait à cette occasion une sélection d'œuvres issues de ses séries les plus emblématiques, dont les bustes féminins fleuris "Odore di Femmina", "La Vague pour Palissy" et "Les Colonnes Révolutionnaires". Cette exposition explorait la relation entre l'argile et la nature mais avait été également pensée comme une étude sur la nature et les symboliques de l'argile.
"Le visible n’est ni unique ni indivis. Il est pluriel et polysémique. Comme un prisme. Ce qui s’offre un jour, sous tel angle et sous telle lumière, peut, en d’autres circonstances, changer d’apparence, et donc de sens. L’arbre dans la forêt, auquel on accordait hier une évidence, une présence, peut devenir, le lendemain, une masse inquiétante, une tâche gigantesque, un planisphère effrayant, un visage grotesque.
Le monde est, à notre corps défendant, mobile et labile, véritable kaléidoscope où glisse l’inspection des mots. Rembrandt face à Saskia, Chopin devant Sand, Proust à Venise : tous savent, et Johan Creten à leur suite, que le visible ne se donne pas d’emblée, qu’il faut, pour le fixer totalement, capturer ses onguents, ancrer ses moires et ses nacres, ses mille coruscations infinies. Ce n’est pas un hasard si le sculpteur maîtrise, comme de rares artistes avant lui - Bernard Palissy, Émile Gallé et Henry Cros –, les reflets et les luisances, tous ces vernis et ces textures qui permettent de dire l’irisation du visible. Quand le réel, comme la flamme, scintille et vacille."
Colin Lemoine dans "Nature of Clay", p.7, 2015