“De Vleermuis” est devenue l'une des oeuvres en bronze les plus emblématiques de Johan Creten. Créée pour la première fois en 2014, l'oeuvre est d'abord monumentale participative et sensible (un escalier façonné dans son dos permet au visiteur de gravir la sculpture), l'oeuvre est faite pour être touchée, chevauchée et est même pensée comme une fontaine à Blosward. De Rome à la Suède en passant par Paris, Roubaix ou encore les Pays-Bas, “De Vleermuis” s'expose à travers le monde, voyage par la terre ou par les airs. Elle se décline aussi en versions plus intimes tels des totems tout à la fois mystérieux et merveilleux.
Lors de l’une de mes visites à Bolsward (Pays-Bas), en regardant la forme de la façade de l’église de Broerekerk, j’ai soudainement vu l’image d’une chauve-souris devant moi. Mystérieux et merveilleux, les chauves-souris sont des animaux qui fascinent et intriguent, les contes folkloriques en sont d’ailleurs emplis.
Ce sont également des animaux utiles qui jouent un rôle crucial dans notre système écologique.
À Tjerkwerd, un village près de Bolsward, chaque année, une grande colonie d’une espèce rare de chauves-souris est comptée avec soin.
La chauve-souris est non seulement un bel animal visuellement, mais elle est aussi très chargée symboliquement.
Dans la culture asiatique, elle signifie la richesse, le bonheur et la promesse d’une vieillesse bénie.
Dans la culture occidentale, la chauve-souris représente généralement la nuit et les forces obscures, que l’on retrouve, par exemple, dans la sous-culture gothique. Dans la culture populaire, en revanche, la chauve-souris symbolise également une force positive et salvatrice, pensez à «Batman».
Sur les cartes de tarot, elle représente la Renaissance sous la forme de «gargouille», que l’on retrouve sur les façades des grandes cathédrales, où elles maintiennent les démons à distance.
Cette dernière signification évoque bien sûr à merveille l’histoire de l’église de Broerekerk, brulée puis reconstruite.
En pensant à la modélisation de l’œuvre et à la forme concrète qu’elle pourrait prendre, j’ai eu soudain une seconde impression : « Pourquoi ne pas faire en sorte que le visiteur puisse symboliquement surmonter l’œuvre ?
Cela ne fonctionnerait-il pas encore mieux ? J’ai donc placé un escalier à l’arrière de la statue pour inviter le visiteur à gravir la chauve-souris et à la ‘surmonter’».
Pour se transcender.
De cette façon, la chauve-souris peut devenir une attraction majeure et gagner une fonction de guérison, par rapport à l’église incendiée devant laquelle elle est présentée.
La chauve-souris se voit donc attribuer de multiples interprétations, qui, tout comme l’œuvre d’art, lui confèrent un statut pluriel, un sens qui nous échappe. Le sens d’une œuvre doit pouvoir nous échapper.
Elle devient alors un nouveau mystère dans la ville.
Johan Creten, Paris 2017
LA NUIT TROGLODYTIQUE
Empire de la lumière
La nuit allume dans le noir
Des mondes apparaissants
Des salles où l’on mange
Des chambres où l’on couche
De la rue aveugle
Les fenêtres éclairées
Profanent l’intériorité
Les rideaux oubliés
Dévoilent l’inviolé
Avec la nuit
Le bien public
Devient privé
Envers intime
Enfer infime
Renversement des valeurs
Solarisation du visible
Retournement des choses
La nuit réitère sous la lune
Un monde antipode
Revers du jour
Ubac infini
Ressac du soleil
La nuit troglodytique
Électrise sans rayonner
Sens dessus dessous
Elle couronne à jamais
La beauté inverse et glabre
De la chauve-souris
Sa tête en bas et son cœur à nu
Colin Lemoine, 2018
PÉNOMBRES LI
Peur
La masse noire
Des bois, le soir,
M’enivre, voire
Me grise, à voir.
Mon œil s’enfonce
Dans ce profond
Deuil qui se fonce
Et qui se fond...
La messe noire...
Comte Robert de Montesquiou
Grès émaillé sur un socle spécial en bois créé à Struktuur 68
47 x 108 x 53 cm / 11 kg
Trois études uniques
Version en résine
385 x 230 x 240 cm / 300 kg
Oeuvre unique
Bronze patiné, fonte à la cire perdue, titré, signé, daté, numéroté dans la masse, sceau "aigle", tampon de la fonderie.
Version " fontaine " unique installée en permanence devant l'église Broerekerk à Bolsward, Pays-Bas. Avec un poème du comte Robert de Montesquiou, gravé dans la masse.
385 x 230 x 240 cm / 1220 kg
Coulée en 2017-2018
Œuvre unique
Bronze patiné, fonte à la cire perdue, titré, signé, daté, numéroté dans la masse, sceau "aigle", tampon de la fonderie.
Avec deux poèmes de Colin Lemoine et d'Aggie van der Meer gravés dans la masse.
230 x 380 x 240 cm / 1265 kg
Coulée en 2018-2019
N°1/3 d'une édition de 3 + 1 EA et une version " fontaine " unique.
- De Vleermuis on the block", 2018-2019
Bronze patiné, fonte à la cire perdue, numéroté, sceau "aigle", tempon de la fonderie.
45 x 61 x 35 cm / 30 kg
Édition de 7 + 2 EA
- De Vleermuis on the pool", 2017
Bronze patiné, fonte à la cire perdue d'après un modèle en résine, titré, signé, daté, numéroté dans la masse, sceau "eagle", tampon de la fonderie.
17 x 30,5 x 22 cm / 15 kg
Édition de 8 + 1 EA
- De Kleine Vleermuis", 2020-2022
Bronze patiné, fonte à la cire perdue d'après un modèle en résine, titré, signé, daté, numéroté dans la masse, sceau " aigle ", tampon de la fonderie.
11 x 18 x 14 cm / 1,2 kg
Édition de 24 exemplaires
- «Wildlife Nature Sculpture», La Gazette Drouot, Henri-François Debailleux, 3 septembre 2019
- Dick Leijnse, «11 fonteinen in Friesland», pp.10-11, BAZ Magazine, Belgique, mai 2018
- Patrice Jouêtre, «Le beau capital de Leeuwarden», p.15, Télérama, France, 21 février 2018
- Gitte Brugman, «Harlinger walvis de moiiste (foto)», Leeuwarder Courant, Belgique, 5 juillet 2018
- Antje Weber, « Kunst kommt von Nebel’ », Süddeutsche Zeitung, Allemagne, 30 mai 2018