La huitième édition de la Triennale Beaufort est une invitation à dévoiler certaines perspectives ou représentations dans le but de dénouer ce tissu fait de relations, de cordes, de boucles, de tresses, de câbles, de fourmillements et d'écailles. Comme dans un coquillage, une plume ou une feuille, où se décèle des traces de lignes et de vie, tel un souvenir ou une belle pensée. Comme dans une œuvre monumentale ou intimiste, qui recèle plusieurs récits et laisse affleurer des réminiscences aux multiples facettes ou des valeurs encore inconnues. Les nouvelles installations influenceront sciemment, significativement et avec modestie nos conceptions et modes de pensée actuels et seront tour à tour accessibles, tangibles ou indomptables. À un croisement, sur une dune ondulante, dans un lieu de silence ou sur un banal rond-point, dans un phare ou au bord de l'eau. Ou encore dans l'écume des marées ou les mares peu profondes de la plage, le long des sillons gras de nos polders ou à proximité de ces dalles qui caractérisent les digues du littoral belge.
- Els Wuyts, commissaire de Beaufort24
À travers cette œuvre, Johan Creten renoue avec ses racines flamandes. À Koksijde, il est d'ailleurs bien entouré sur le plan artistique. Paul Delvaux, qui possède son propre musée à Sint-Idesbald et Constant Permeke ne sont pas loin. Le sculpteur George Grard s'est également installé à Sint-Idesbald dans les années 1930.
Tout comme l'interaction entre les différents artistes, il existe également un lien entre l'homme et la nature. La sculpture THE HERRING (le hareng) joue sur le double sens de la mer et de la mère. La mer et la vie sont intimement liées. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la côte belge occidentale a pu survivre grâce à une pêche au hareng exceptionnellement abondante. La meilleure année qu'a connu la pêche au hareng a été l'hiver 1942-1943. La quantité de harengs échoués sur le rivage était telle que les gens pouvaient les ramasser à mains nues. Mais le potentiel de la mer est-il inépuisable ? L'œuvre nous confronte ainsi à la problématique contemporaine de la durabilité et de l'écologie.
Le poisson symbolise traditionnellement la vie et la fertilité dans de nombreuses cultures. Dans la culture chinoise, le poisson incarne l'abondance, la richesse, le bonheur et l'espoir. Aujourd'hui encore, l'aspect spirituel de la régénération est indissociable de la mer et c'est pourquoi l'on vient souvent se ressourcer à la Côte. La sculpture d'un mètre de hauteur se révèle à nous comme le point d'arrivée d'une marche énergique dans les dunes. La mer donne et prend, ce qui constitue aussi sa tragédie. En cas de tempête, la sculpture se retrouvera les pieds dans l'eau.