"Une exposition de l'œuvre de Johan Creten à la galerie Emmanuel Perrotin est un événement ; parce qu'il s'agit de Creten, sculpteur céramiste, artiste parmi les artistes ; parce qu'elle se déroule chez Emmanuel Perrotin, un grand galeriste français, dont on connaît le succès international et le flair. L'ensemble frappe par sa puissance narrative, ses variations formelles et ses ruptures discursives.
D'emblée, c'est le choc de la monumentalité. Quatre grandes sculptures de plus d'un mètre trente de haut, placées en position dominante et disposées en croix, prennent le visiteur en tenaille. De ces hiboux, aux pattes serrées, pliées comme en prière, émergent des têtes massives qui ont chacune une expression différente. Car ces grands oiseaux, en attente d'un regard, sont aussi des êtres, sensibles, silencieux, étonnés, tristes, rêveurs, sévères ou affectueux. Ce qui est touchant, c'est que nous pouvons leur prêter des sentiments. Cela est dû au modelage mais aussi à l'émail qui agit comme une peau, un voile ou un linceul. Chaque pièce a un titre, "la Fatigue", "le Père", "le Nez" et "le Vivisecteur" qui a donné son titre à l'exposition."
Bernard Bachelier