Les "Points d'Observation" ont d’abord été créés par Johan Creten pour ses différentes expositions (CRAC de Sète, Musée Beelden Aan Zee, Villa Médicis de Rome ...) et ont pour but de permettre au public de s’assoir et de prendre le temps d’observer les sculptures exposées.
Plusieurs configurations de cette œuvre sont possibles. Des associations de points individuels, ainsi que des constellations uniques et indivisibles comme celle présentée au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, dans la salle Dufy ont pu être vues dans plusieurs lieux d’exposition.
Ressemblant de prime abord à des socles classiques, les "Points d’Observation" relèvent de la sculpture.
Leur forme est très spécifique et leur hauteur est parfaite pour s’asseoir et avoir un point de vue sur l’exposition. Par leur texture lisse et le toucher froid, ces sculptures ressemblent au socle traditionnel de la Rome antique ou au pied de douche de la sculpture classique.
En s’asseyant sur les assises de Johan Creten, le visiteur se transforme lui-même en objet sculptural.
Ces différentes installations de "Points d’Observation" permettent le développement de réflexions historiques sociologiques et politiques.
Les "Points d’Observation" ressemblent également à des pièces de jeu, tels que des pions d’échecs disposés sur un plateau. Ils s’inscrivent à ce titre dans une dynamique du lien (entre eux et entre les spectateurs), de stratégies et d'interactions pouvant aller jusqu’à l'affrontement. Le jeu politique que révèlent les Points d’Observation peut faire écho au jeu mondial des relations de pouvoir. Par leur couleur, les points représentent à chaque fois des groupes, des écoles, des tribus, des entités...
Même s’ils reprennent l’idée d’une certaine stabilité, par leur propension à être des assises et par leur forme qui reprend celle d’un socle, leur nature n’en est pas moins fluide et active. Ils parlent aussi de mouvement et de temporalité.
En résumé, l’idée de l’artiste est la suivante :
Puisque les assises créées par l’artiste peuvent se déplacer, les groupements sont toujours mobiles et évolutifs, tout au long de l’installation.
Comme au CRAC de Sète ou durant l’exposition « Les Flammes » au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, l’installation n’est jamais figée, elle est en perpétuelle transformation. Les œuvres sont ainsi conçues en ce sens puisqu’elles sont fixées à une fine feuille de feutre, ce qui permet de les faire glisser facilement d’un endroit à un autre.
Enfin, la forme d’un "Point d’observation" n’est pas sans rappeler les « bittes d’amarrages » - objet grâce auquel les marins attachent leurs bateaux - que l’on retrouve dans les ports. À la fois ancrage et point de départ, le "Point d’Observation" symbolise le voyage à la façon de celui que l’on fait dans un musée. De cette façon, la forme du "Point d'Observation" revêt également un « double sens » linguistique sous la forme d’un jeu de mot vulgaire avec le « sexe masculin » qui est représenté comme costaud, fort, inamovible, fixé.
Le sexe, socle du monde.
En tant que telle, cette œuvre d’art conceptuelle majeure dans la carrière de l'artiste emploie la céramique d’une manière tout à la fois discrète et subversive.